Stratégies Glenn Chamandy, PDG de Gildan

Faibles impôts, faibles salaires

En 2013, Gildan a payé 10,5 millions en impôts, soit à peine 3,2 % de ses profits de 331 millions. En 2012, l’entreprise n’avait pas versé un seul sou d’impôt, ayant droit à un recouvrement de 4,3 millions.

« Le taux d’imposition de l’entreprise reflète sa structure d’exploitation », explique Peter Iliopoulos, vice-président aux affaires publiques. Le siège social de Gildan est situé à Montréal, mais pas celui de ses trois divisions d’exploitation. Celle des vêtements imprimés est dirigée à partir de la Barbade, celle des vêtements de marque à partir de la Caroline-du-Sud et celle de la fabrication à partir du Honduras.

À la Barbade, les profits de Gildan sont imposés à un taux oscillant entre 0,25 et 2,5 %. Au Honduras, l’entreprise est établie dans des zones franches où il n’y a pas d’impôt. Et la Caroline-du-Sud a l’un des taux d’imposition les plus faibles aux États-Unis pour les entreprises.

Le taux d’imposition de Gildan constitue un avantage de taille pour un fabricant qui mise sur les faibles coûts. En 2014, l’un de ses principaux concurrents, Hanes, s’attend à ce que son taux d’imposition oscille entre 10 et 15 %.

Controverses

Gildan suscite aussi la controverse pour ses pratiques en matière de relations de travail. La situation s’est nettement améliorée depuis 2002, alors que des syndicalistes avaient été congédiés dans une usine au Honduras, ce qui avait poussé le Fonds de solidarité FTQ à vendre toutes ses actions de l’entreprise. Aujourd’hui, les travailleurs de 2 des 16 usines de Gildan en Amérique latine sont syndiqués.

Mais tout n’est pas encore parfait. L’automne dernier, l’ONG américaine Worker Rights Consortium a découvert que la quasi-totalité des salariés de sous-traitants de Gildan et de Hanes en Haïti recevait autour de 250 gourdes par journée de huit heures de travail (7 $) alors que le salaire minimum établi par l’État est de 300 gourdes (8,40 $) par jour.

« En dépit de l’ambiguïté dans la loi haïtienne quant à savoir si le salaire minimum est de 200 ou de 300 gourdes par jour, nous avons décidé d’exiger de nos sous-traitants qu’ils se conforment aux 300 gourdes », affirme M. Iliopoulos, en précisant que Gildan a augmenté les sommes versées à ses sous-traitants l’an dernier. La règle des 300 gourdes doit entrer en vigueur d’ici la fin du mois, mais aucun paiement rétroactif n’est prévu pour les salariés.

En Amérique latine, Gildan assure que la rémunération de ses employés est « significativement plus élevée » que les salaires minimums gouvernementaux, mais refuse de divulguer son taux horaire moyen.

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